La Der des Ders

Publié par France-Trotter le

La Der des Ders

Intro : Le couple Franco-Allemand est la relation diplomatique, et la coopération politico-économique, moteur de l’Union Européenne. Ces deux nations s’accordent sur de nombreux sujets pour faire avancer la construction européenne. Il existe même un conseil des ministres franco-allemand. Une situation, inenvisageable au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, qui fut permise par une réconciliation relativement inédite dans l’Histoire. Cette animosité franco-allemande originelle remonte à une période bien plus ancienne. Un des grands actes de cette animosité est ce que l’on espérait être la Der des Ders.

La Première Guerre Mondiale trouve son origine dans de multiples sources de tensions entre les grandes puissances européennes.  Certaines sont spécifiques aux tensions franco-allemandes, même si d’autres pays connaissaient le même genre d’animosité. Après l’annexion de l’Alsace-Moselle et la naissance de l’Empire Allemand au Château de Versailles, les français sont revanchards et veulent en découdre avec les allemands. De plus, les allemands exprimèrent leurs revendications coloniales impérialistes lors de la Crise de Tanger, en 1905, et le Coup d’Agadir, en 1911. Ils refusaient la mise sous tutelle française du Maroc et provoquèrent ces deux crises diplomatiques. Il faut aussi ajouter, à cela, la forte croissance économique et démographique de l’Allemagne que redoutaient les autorités françaises.

1914 : l’espoir d’une guerre courte

Pour lutter contre la menace, la France se chercha des alliés. Elle les trouva en 1907 en formant, pour des motifs différents, la Triple Entente avec le Royaume-Uni et la Russie. Concernant la Russie, les motivations sont avant tout économiques. Un large emprunt bancaire contracté par les russes auprès des français amorça l’alliance. Tandis qu’une crise diplomatique coloniale franco-anglaise obligea la France et le Royaume-Uni à s’entendre afin de contrer la menace allemande. De son côté, l’Allemagne créait son réseau d’alliance en formant la Triplice avec les Empires Austro-Hongrois et Ottomans.

Comme vous le savez tous, la guerre se déclencha à la suite de l’Attentat de Sarajevo du 28 juin 1914. Les alliances s’activèrent dès le 28 juillet, lorsque l’Autriche déclara la guerre à la Serbie. Ainsi, le 1er août, l’Allemagne déclarait la guerre à la France.

Les allemands prirent l’initiative et leur chef d’état-major, Helmut von Moltke, appliqua le plan Schlieffen. Le 4 août, ils envahirent la Belgique et le Luxembourg. Pendant ce temps-là, le Plan XVII, une attaque française en Lorraine fut un échec. Dès la fin août, les troupes alliées reculèrent et, le 2 Septembre, le gouvernement s’exila à Bordeaux face aux menaces sur la capitale.

Heureusement, le Général Gallieni sauva la partie dès le lendemain. Une faiblesse fut détectée dans le dispositif allemand dans le secteur d’Ourcq. Un assaut y fut ordonné. Epaulé par les célèbres Taxis de la Marne, les français firent reculer les allemands. Le plan Schlieffen échoua et une course à la mer se lança. Chaque camp se dirigeait vers l’est car ils craignaient un débordement et un contournement par l’adversaire. Une fois la mer atteinte, les alliés s’enterrèrent dans des tranchées, pendant que les allemands lancèrent de grandes offensives, en vain. Les Allemands furent définitivement stoppés et la guerre de tranchée commença.

Pont Alexandre III - Paris
Le Pont Alexandre III, un des premiers symbole de l'alliance franco-russe

1915 : la stabilisation du front entre les différents camps

Tout au long de l’année, à différents endroits de la ligne de front, le Généralissime français, Joseph Joffre ordonna de nombreux assauts. L’objectif était clair, il fallait absolument mettre en déroute les Allemands et accomplir une percée pour de mettre fin à la guerre.

Malheureusement, cette stratégie fut un échec cuisant. Dans les secteurs où devait s’effectuer la percée, les Allemands tinrent bon. Dans les secteurs où Joffre voulait grignoter un peu de terrain à l’ennemi, et consolider quelques lignes de défenses, la tâche fut tout aussi ardue.

Les raisons de cet échec sont doubles. L’Allemagne possédait une supériorité technologique dans les domaines de l’artillerie lourde. Elle obtenait un avantage de feu certain sur les français. Cette artillerie lui a permis de stopper de nombreuses offensives françaises alors que l’infanterie allemande commençait à reculer. De plus, des erreurs tactiques furent commises par l’Etat-Major et elles empêchèrent la victoire durant certaines batailles.

Pour quelques kilomètres gagnés sur l’ennemi, quand il y en a eu, les pertes furent terribles. Lors de la Première Bataille de Champagne (15 févier – 30 mars), il y eut 56 000 pertes françaises. A la Bataille de Woëvre (31 avril – 31 juillet), 88 000 victimes. Lors de la Bataille d’Artois (9 mai – 25 juin) 112 000 pertes. Enfin, pendant la Deuxième Bataille de Champagne (25 septembre – 6 octobre), 126 000 pertes.

En face les Allemands attaquèrent aussi, à plusieurs reprises, et mirent à mal les défenses françaises sans pour autant parvenir à les briser. Cette année-là, tout le monde comprit que la guerre durerait beaucoup plus longtemps que prévu. La stratégie française changea alors d’objectif et chercha à stabiliser la ligne de front en attendant des sauts technologiques importants dans le domaine de l’armement afin de briser l’adversaire.

1916 : la Bataille de Verdun, la victoire de la défense française

Pourtant, fin 1915, Joffre voulait toujours garder l’initiative et attaquer en Somme. Sauf que les allemands en décidèrent autrement. Le 21 février 1916, ils lancèrent une grande offensive sur Verdun. Les allemands voulaient absolument fixer l’armée française sur ce secteur géographique afin de l’empêcher de mener à bien d’autres opérations ailleurs, comme dans la Somme. L’Etat-Major allemand voulait user l’armée française le plus possible grâce à sa supériorité en matière d’artillerie et de logistique. Dans le secteur enclavé de Verdun, les allemands possédaient un réseau ferré important alors que les français étaient largement plus démunis.

Le 25 février, le Général Philippe Pétain prit le commandement des troupes françaises. Il réussit à stabiliser le front et endurcit l’armée. Alors que la logique militaire recommandait l’abandon des positions à Verdun pour restreindre le front et gagner en efficacité, un choix politique fut décidé. Celui de tenir Verdun coûte que coûte. Pour atteindre cet objectif, Pétain mit en place deux stratégies logistiques efficaces.

La première, concernant le matériel, fut la construction de la Voie Sacrée reliant Bar-le-Duc à Verdun. Chaque jour, 2 500 tonnes de nourritures, 2 000 tonnes de munitions et 20 000 hommes faisaient le trajet. La deuxième, concernant les hommes, fut l’instauration du tourniquet créant une forte rotation des effectifs. Ainsi, les deux tiers de l’armée passèrent à Verdun. Les troupes étaient constamment renouvelées et Verdun devenait un symbole d’unité et de fraternité d’armes entre les poilus.

Le 19 avril, le Général Nivelle fut nommé Commandant à la place de Pétain. Sous sa houlette, l’armée reprit petit à petit le terrain perdu. Le 18 décembre, après 10 mois de combats et 378 000 pertes, la bataille était gagnée pour un gain territorial nul.  

Au cours de la bataille, il fallait absolument soulager les positions françaises. Ainsi, Joffre ordonna, du 1er juillet au 18 novembre, la bataille de la Somme. Cette première bataille interalliée de la guerre fut, elle aussi, meurtrière pour peu de résultats. Les français perdirent 203 000 soldats et les anglais 420 000. Tout ça pour 10 km gagné sur l’ennemi.

Le lourd bilan de ces deux batailles sans gains territoriaux véritables entraîna la chute de Joffre à la tête du Grand Quartier Général, l’Etat-Major. Nivelle le remplaça.

Ossuaire de Douaumont Verdun
L'ossuaire de Douaumont où repose de nombreux poilus

1917 : les allemands tiennent bon

Avec ces deux batailles lourdes en hommes, des réaménagements stratégiques sont effectués par les Etats-Majors des deux camps.

Côté Allemand, un recul stratégique fut effectué, afin de raccourcir le front et de mieux le contrôler et le défendre. Ce recul permit aux anglais et aux canadiens d’avancer sur le secteur d’Arras et d’Ypres en ce début d’année 1917.

Côté Français, malgré les offensives difficiles de 1916, Nivelle décida de continuer la fastidieuse poussée française. Elle se fit sur le secteur de Reims-Soissons lors de la Bataille du Chemin des Dames, du 16 avril au 24 octobre. Cette bataille fut une succession d’assauts français contre les positions fortifiées allemandes. Les premières utilisations massives de char eurent aussi lieu là-bas. Cependant, avec 187 000 soldats tués ou blessés et avec un gain territorial minime, les objectifs furent loin d’être atteints.

Cette victoire allemande les relança militairement après une année 1916 compliquée. Alors que dans les rangs français, le défaitisme commença à se faire ressentir et les premières mutineries eurent lieu.

Outre-Atlantique, 1917 signifie aussi l’entrée en guerre Américaine. Le 2 avril, le Congrès Américain entérine cette entrée dans le conflit. Dès le 13 juin, un petit détachement américain mené par le Général Pershing débarqua à Boulogne-sur-Mer. Puis, le 28 juin, la première division américaine arriva à Saint-Nazaire. Cependant la mise en service des troupes américaines n’est pas encore prévue pour tout de suite.

1918 : les retournements de situations et la fin de la Der des Ders

L’année 1918 est l’année charnière de la guerre. Le Traité de Brest-Litosvk, du 3 mars, mit fin à la guerre à l’est, entre les Allemands et les Russes. Dès lors, le front ouest allemand fut renforcé par les troupes de l’est. Pourtant, l’heure tournait et elle ne favorisait pas les allemands. Ils savaient que l’armée américaine se préparait aux combats et que les mois étaient comptés avant leurs opérationnalités. Il leur fallait donc mettre à mal l’ennemi, avant qu’il ne soit trop tard.

Mi-mars, un premier assaut allemand fut lancé à la jonction des armées françaises et anglaises dans le secteur de Saint-Quentin.  L’objectif était de désorganiser l’alliance et de séparer les deux armées sur le terrain. Bien que l’attaque fît mal aux troupes alliées, les anglais tinrent bon, aidés par les français venus en renfort.

Le 27 mai, un deuxième assaut est lancé sur le Chemin des Dames, encore lui, mais cette fois les allemands ne furent pas contenu et avancèrent de 60 kilomètres. Paris, commençait même à être bombardée régulièrement. A ce moment-là, le moral du pays était au plus bas.

Cependant, l’ultime offensive allemande sonna leur glas. Au mois de juillet, ils lancèrent une offensive, mal ficelée, dans le secteur de la Marne qui se traduit par une contre-attaque massive des français. Les allemands réussirent, de peu, à échapper à l’encerclement mais cela provoqua la désertion d’un million de soldats allemands. Ils perdirent pied dans la guerre et une succession d’offensives, dans tous les secteurs territoriaux, les acculèrent. Cette situation alla jusqu’à provoquer des révoltes, en Allemagne, qui obligeront Guillaume II à abdiquer, le 9 novembre. Le 11 novembre, le nouveau Gouvernement Allemand demande l’armistice qui sera signée à Rethondes.

Les français payèrent cette guerre par la perte de 1 397 800 soldats et de 4 266 000 blessés. Ils espèrent tous que ce sera la Der des Ders.

1919 : Le règlement forcé et contraint de la Der des Ders

Maintenant que la guerre est finie, il faut encore signer la paix. Pour les alliés et surtout les français, les allemands doivent être affaiblis pour empêcher un conflit ultérieur. Cette guerre doit absolument être la Der des Ders.

Ainsi, le 18 janvier 1919, la Conférence de la paix est organisée à Paris pour concevoir les différents traités de paix. Les vainqueurs siégeant à la Conférence établirent les principes fondamentaux de la recomposition de l’Europe d’Après-Guerre. Les trois empires de la Triplice doivent être dissouts. Des réparations de guerre, à hauteur de 132 milliards de marks-or doivent être payées par l’Allemagne.

Clemenceau, Président du Conseil de la République tenait absolument à mettre l’Allemagne à genou. Il demanda ces lourdes indemnités financières et l’annexion de l’Alsace-Lorraine ainsi que de la Sarre Allemande. Cette posture fut contestée par les socialistes français qui craignaient la formation de nouveaux conflits à cause d’une telle humiliation.

Le traité de Versailles, établissant la paix entre l’Allemagne et les puissances alliées, fut signé le 28 juin 1919. Cette signature fut très symbolique puisqu’il eut lieu à la date anniversaire de l’Attentat de Sarajevo, dans la Galerie des Glaces où l’humiliation française avait eu lieu en 1871. Ce traité, que l’Allemagne fut contrainte de signer sans même avoir participer à sa rédaction, sera fortement contester Outre-Rhin.

Le Diktat comme il l’appelait, leur faisait perdre gros au profit des alliés et surtout de la France. L’Allemagne fut amputée de 15 % de son territoire et 10 % de sa population. Elle devrait payer les 132 milliards de marks-or et elle fut forcée de livrer 5 000 canons, 25 000 avions, ainsi que la totalité de sa flotte. Son réarmement devait strictement être limité à 100 000 hommes et cette armée devait rester faiblement modernisée. L’Allemagne doit aussi renoncer à son empire colonial qui fut démembrer au profit des vainqueurs.

Cette conclusion funeste pour l’Allemagne sera tellement humiliante qu’elle ne sera qu’un Armistice de Vingt Ans

Galerie des Glaces Versailles
Le Traité de Versailles fut signé le 28 août 1919 dans la Galerie des Glaces

Les principales villes de la Der des Ders

Retrouvez les principales villes de la Der des Ders dans mes Cartes aux Trésors. Nous découvrirons ensemble leurs plus beaux monuments.

Reims

Amiens

Saint-Nazaire

Boulogne-sur-Mer

Verdun

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