La vengeance allemande

Publié par France-Trotter le

La vengeance allemande

Intro : Le couple Franco-Allemand est la relation diplomatique, et la coopération politico-économique, moteur de l’Union Européenne. Ces deux nations s’accordent sur de nombreux sujets pour faire avancer la construction européenne. Il existe même un conseil des ministres franco-allemand. Une situation, inenvisageable au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, qui fut permise par une réconciliation relativement inédite dans l’Histoire. Cette animosité franco-allemande originelle remonte à une période bien plus ancienne. Le dernier acte cette animosité fut la vengeance allemande lors de la Seconde Guerre Mondiale.

L’Entre-Deux-Guerres en Allemagne : préparation de la vengeance allemande

Au sortir de la Première Guerre Mondiale, la situation était délétère en Allemagne. Le Diktat de Versailles de 1919 lui fit perdre 15 % de son territoire, 10 % de sa population et son empire colonial. Elle dut payer une indemnité de 132 milliards de marks-or et livrer de nombreuses armes de guerre. De plus, son réarmement fut limité et contrôlé. L’humiliation de Versailles provoqua un fort sentiment de revanche outre-rhin.

Dès lors, les allemands préparèrent leur vengeance. Le 16 Avril 1922, la République de Weimar signa le Traité de Rapallo avec l’Union Soviétique. L’Allemagne acquis, ainsi, la possibilité d’entrainer une armée non-officielle et de tester de nouvelles armes sur le territoire soviétique, en dépit des traités internationaux.

Puis, la crise de 1929 amplifia la haine des allemands. Le pays vécut le chômage de masse et l’hyperinflation. Les National-Socialistes profitèrent de l’agonie du peuple allemand pour prendre progressivement au pouvoir. Ce fut chose faite, le 30 janvier 1933, lorsque Hitler devint Chancelier. Dès lors, il lança, en juillet 1933, un vaste programme de relance de l’industrie de l’armement. Il signa aussi, le 18 juin 1935, un accord avec le Royaume-Uni autorisant un réarmement naval de la Kriegsmarine.

Enfin, sur fond d’idéologie pangermaniste, Hitler entama l’extension de l’espace vital allemand. Il voulait « unir tous les allemands sous la houlette du Reich ». Le 7 mars 1936, la Rhénanie démilitarisée fut occupée par ses troupes. Cinq jours après, elles entraient dans Vienne, l’Anschluss avait lieu. Le 30 septembre1938, Hitler signa, avec les alliés, les Accords de Munich. Ainsi, il obtenait légalement l’annexion des Sudètes Allemandes. Territoire qu’il compléta illégalement le 15 mars 1939, en annexant le reste de la Bohême-Moravie.

Son acte final fut l’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939 qui entraina le monde dans la guerre, à nouveau.

L’Entre-Deux-Guerres en France : un pacifisme exacerbé et l’incompréhension de la nouvelle guerre

Au sortir de la Première Guerre Mondiale, la France était en position de force. Elle récupéra l’Alsace-Moselle et occupa la Sarre Allemande jusqu’en 1935. Elle utilisa même la force en occupant la Rhur, une région industrielle et richement pourvue en matières premières, du 11 janvier 1923 au 25 août 1925, à cause des retards de paiement allemands.

Pourtant, cette apparente force cachait en réalité un pacifisme convaincu défendu par les puissants groupes d’anciens combattants. L’armée française opta, en parallèle, pour une doctrine défensive. La Ligne Maginot, une énorme frontière fortifiée entre l’Italie et Charleville-Mézières, en fut sa démonstration la plus impressionnante. L’Armée Française ne croyait pas à l’emploi du char et à l’aviation de masse. Son seul avantage militaire, sur une Allemagne conquérante, était son imposante marine de guerre.

Le pacifisme et la politique non-interventionniste se traduisit aussi par les Accords de Munich. La France, et le Royaume-Uni, laissèrent, sans coups férir, les Sudètes à Hitler. Néanmoins, il devint évident que la guerre serait inévitable. Dès lors, Daladier, le 12 mai 1939, proclama que la France était prête à prendre les armes. Pourtant, le pacifisme ambiant de la population et des politiques restait de mise. Pourquoi mourir pour Dantzig, cette ville perdue que les allemands revendiquent avec tant d’entrain ?

1940 : La débâcle française

L’inévitable se produisit le 3 Septembre. La France entra en guerre contre le Reich Allemand après son invasion de la Pologne. L’armée française commença la guerre sur l’offensive. Dès le 7, les troupes entrèrent dans la Sarre.  Elles avancèrent en territoire allemand sans rencontrer de résistance. Pourtant, le 21, Gamelin, le Chef d’Etat-Major Français, ordonna la retraite. Le 16 octobre, les Allemands en profitèrent pour contre-attaquer. Ils finirent de remettre les français derrière la Ligne Maginot. Et là, ce fut l’attentisme complet. L’Armée Française resta 7 mois à attendre, lors de cette Drôle de Guerre.

Les allemands, eux, n’attendirent pas. Ils profitèrent de cette attitude pour consolider leur emprise sur l’Europe. Une fois cela réglé, ils passèrent à l’attaque le 10 mai 1940. Une grande offensive fut lancée à la fois en Belgique et Hollande, en dépit de leurs neutralités, et dans les Ardennes pourtant réputées infranchissables.

L’usage méthodique de la Blitzkrieg créa la surprise. Alors que les forces alliées et allemandes furent relativement similaires sur le papier, la réalité du terrain fut tout autre. Le 13, les allemands étaient devant Sedan et prirent à revers le flanc de la ligne Maginot. Dans le même temps, la Belgique s’effondra tout aussi rapidement et capitula le 28.

Dès lors, l’avancée allemande devint irrésistible. Ils encerclèrent les troupes du Nord en atteignant la Manche. A partir de ce moment-là, ils partirent, d’un côté, vers Dunkerque, mais sans réussir à détruire le corps expéditionnaire anglais. De l’autre côté, ils s’élancèrent frénétiquement vers le sud. Un premier groupe d’armées fixait les soldats défendant la ligne Maginot. Le deuxième fonçait vers les littoraux de la Manche et de l’Atlantique. Enfin, le dernier envahissait le centre du pays.

Château de Sedan
Le Château de Sedan où les français furent pris par surprise le 13 mai 1940

1940 – 1944 : la vengeance allemande dans une France occupée

Les Allemands déferlèrent sur une armée française en débâcle. Paris fut occupée et le Gouvernement se réfugia à Bordeaux. Seul honneur pour la France, le front italien tint bon. Comme avec ces 9 chasseurs alpins de l’avant-poste de Pont-Saint-Louis, à côté de Menton, qui mirent en déroutent des centaines de soldats italiens essayant de franchir le pont.

Pétain, le sauveur de Verdun, fut nommé le 16 juin, Président du Conseil, pour tenter de sauver la situation. Pourtant, le 22 juin, il signa l’armistice. Les conditions furent sévères. Prisonniers gardés captifs, occupation de la moitié du territoire national, entretien de l’armée d’occupation à ses frais et obligation de collaborer. Dès lors, la France de Vichy fut pleinement intégrée à l’économie de guerre allemande. La nourriture et la production industrielle furent envoyés en Allemagne et il fallait payer de lourdes indemnités pour financer le Reich. De plus, 600 000 français furent forcés de participer au Service du Travail Obligatoire dans les usines allemandes. Les besoins allemands, en main d’œuvre, grandissaient au fur et à mesure de la guerre.

Sur l’aspect militaire, une Légion des Volontaires Français contre le bolchévisme (LVF) fut créée le 8 juillet 1941 par les partis collaborationnistes. Cette association recrutait des volontaires pour lutter contre les russes au côté des Allemands. Cependant, ils ne furent que 6500 à intégrer les bataillons de la LVF. Au total, près de 40 000 français s’engagèrent au côté du Reich en prenant aussi en compte la division SS Charlemagne et la Kriegsmarine. Ironiquement, les français de la LVF combattirent à Dantzig contre l’avancée soviétique, alors qu’en 1939, ils ne voulaient pas mourir pour cette ville. De plus, ce fut la division Charlemagne qui défendit le bunker d’Hitler dans les derniers jours de la guerre.

Mont Valérien Paris
Le Mémorial de la France combattante du Mont Valérien rend hommage aux martyrs de la Résistance

1940 – 1944 : la France Libre

Tous les français ne collaborèrent pas. Après le célèbre appel du 18 juin du Général De Gaulle, certains le rejoignirent dans sa lutte. Même si l’appel ne fut que très peu entendu par la population, le mouvement était lancé. Malgré le recrutement de forces combattantes, De Gaulle n’obtint jamais la reconnaissance diplomatique qu’il espérait.

Cela n’empêcha la concrétisation de nombreux actes de résistance en France. Dès le début de l’occupation, des résistants assassinèrent des officiers allemands dans les lieux publics. Cette pratique fut arrêtée rapidement à la suite de nombreux actes de répression. A la place, ils continuèrent à saboter les infrastructures et les productions allemandes, à renseigner les alliés et sauver les pilotes anglais se crashant en France.

Hors de France, les français prirent aussi les armes. Les Forces Françaises Libres combattirent sur de nombreux fronts, avec ardeur. La 2e Division Blindée du Général Leclerc partit de Koufra en Lybie, après son célèbre serment, du 2 mars 1941, pour faire flotter le drapeau tricolore sur la Cathédrale de Strasbourg. Du 27 mai au 11 juin 1942, à Bir Hakeim, les hommes du Général Koening barrèrent la route d’Egypte à l’Afrika Korps de Rommel. Leur résistance permit la retraite anglaise vers El Alamein et changea le sort de la guerre en Afrique. Du 11 au 19 mai 1944, les hommes du Général Juin déloquèrent le front italien grâce à un plan audacieux ouvrant une brèche au Monte Cassino. La Route de Rome fut ouverte. Dans les airs, les célèbres pilotes de l’escadron du Normandie-Niémen se battirent au côté des Russes et accomplirent de nombreux exploits.

6 juin et 15 septembre 1944 : Les débarquements libérateurs

Ainsi, après avoir fait reculer les allemands sur tous les fronts avec l’aide des français, les alliés lancèrent l’opération qui achèverait les allemands. Le 6 juin 1944, l’Opération Overlord fit débarquer 150 000 hommes et 60 000 véhicules sur 5 plages de Normandie, à l’aide de 4000 bateaux. Escortés par 1300 navires de guerres et 12 000 avions, l’objectif de l’opération était clair : percer le Mur de l’Atlantique, à tout prix, et établir une tête de pont en France. Au soir du D-Day, les positions ne furent pas assez avancées mais suffisantes pour tenir le front. Malgré les contre-attaques allemandes, ils continuèrent d’avancer les jours suivants. Le 1er juillet, le port stratégique de Cherbourg était libéré. Le 20, le Général anglais Montgomery libérait Caen. Ce fut la première grande ville à l’être.

Et les français dans tout ça ? La 2e Division Blindée de Leclerc était intégrée à l’irrésistible 3e armée du Général Patton. Ensemble, ils avancèrent rapidement en France. Le 10 août, Angers fut libérée. Le 12, ce fut autour de Nantes. Puis, Orléans le 16, Chartres et Rambouillet le 18. Entre le 15 et le 17, le Limousin se libéra grâce à ses maquisards. En Provence, l’Opération Anvil Dragoon fut lancée le 15 août. Avec les hommes du Général de Lattre de Tassigny, les soldats alliés débarquèrent en Provence et créèrent un nouveau front.

Face à l’avancée allié, le 19 août, les allemands occupant le sud-ouest évacuèrent vers le nord-est de la France. Carcassonne, Agen, Toulouse et d’autres villes furent libérées à leurs départs. Cette retraite ne perturba pas la progression alliée. La 1ere Armée de Lattre de Tassigny libéra, Toulon, Marseille et Chambéry le 23 août. Leclerc, et sa 2e DB, libéra Paris le 24, où De Gaulle le rejoignit le lendemain. Les deux groupes français firent leurs jonctions à proximité de Dijon. Puis, les autres grandes villes françaises furent libérées à leurs tours. Enfin, le 23 novembre 1944, Leclerc libéra Strasbourg et remplit son serment de Koufra. Toutes les grandes villes étaient désormais libérées.

Kilomètre 0 Voie de la Liberté Plage Utah
Le Kilomètre 0 de la Voie de la Liberté tracée par la 3e Armée Américaine dont faisait partie la 2e DB du Général Leclerc

1945 : Les alliés triomphèrent, fin de la vengeance allemande

Cependant, la guerre n’était pas encore finie. Fin novembre 1944, la 2e DB et la 1ere Armée résistèrent à une puissante contre-attaque allemande en Alsace. Après cette offensive ratée, les alliés purent reprendre leurs avancées. Le 23 Mars, les armées de Montgommery et de Patton traversèrent le Rhin. Le 31, ce fut au tour de celle de Lattre de Tassigny. La course vers Berlin fut lancée et le 8 mai l’armistice fut signé par l’Allemagne.

La paix libéra, ainsi, les cinq dernières poches de résistances allemandes en France. La Rochelle, Dunkerque, l’ïle de Ré, Lorent et Saint-Nazaire. La France ne fut donc totalement libérée que le 11 mai 1945.  Mais sur la fin de la guerre, elle put enfin revenir officiellement dans le concert des nations. Le 8 mai 1945, Lattre de Tassigny fut présent dans le QG du Maréchal soviétique Joukov pour recevoir la capitulation allemande. Le 2 septembre 1945, le Général Leclerc fut présent sur le pont de l’USS Missouri de l’Amiral américain Nimitz pour recevoir la capitulation japonaise.

Après de longues années d’occupation, l’Allemagne fut enfin vaincue. La vengeance allemande prit fin et la France retrouva sa pleine souveraineté territoriale et politique. Même si la reconstruction s’annoncera rude pour les deux pays, une nouvelle page commença à se tourner dans leurs relations.

Les principales villes de la vengeance allemande

Retrouvez les principales villes de la vengeance allemande dans mes Cartes aux Trésors. Nous découvrirons ensemble leurs plus beaux monuments.

Paris

Sedan

Caen

Vichy

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