L’humiliation française

Publié par France-Trotter le

L’humiliation française

Intro : Le couple Franco-Allemand est la relation diplomatique, et la coopération politico-économique, moteur de l’Union Européenne. Ces deux nations s’accordent sur de nombreux sujets pour faire avancer la construction européenne. Il existe même un conseil des ministres franco-allemand. Une situation, inenvisageable au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, qui fut permise par une réconciliation relativement inédite dans l’Histoire. Cette animosité franco-allemande originelle remonte à une période bien plus ancienne. Un des grands actes de cette animosité est l’humiliation française de 1870 et 1871.

1815 – 1870 : La montée en puissance de la Prusse, prélude de l'humiliation française

A la fin de l’ère Napoléonienne, les Etats Allemands furent rassemblés dans une Confédération Germanique sous l’influence partagée de la Prusse et de l’Autriche. C’est aussi à cette période que les allemands, comme d’autres peuples européens, entamèrent un processus d’unification. Celui-ci commença de manière économique avec la création de l’union douanière, la Zollverein, en 1834. Puis il devint politique lorsque la Prusse annexa certains territoires allemands alliés de l’Autriche. Leur victoire dans la Guerre Austro-Prusienne en 1866 permit cette annexion et favorisa la création d’une Confédération de l’Allemagne du Nord, l’année suivante. Confédération sous influence prussienne, évidemment.

Le rêve d’union du Chancelier Prussien, Otto von Bismarck, devenait réalité. Il ne lui restait plus qu’à rassembler les états catholiques du sud encore pro-Autrichien.  A cet effet, il avait besoin d’un événement fédérateur. Quoi de mieux que la guerre pour cela ? La succession au trône d’Espagne lui en donna l’occasion rêvée. Le 21 juin 1870, Bismarck proposa à un Hohenzollern, cousin du Roi de Prusse Guillaume 1er, de se porter candidat au trône. Il accepta et la France craignit alors un encerclement politique par la dynastie des Hohenzollern.

Napoléon III envoya, le 13 juillet, son ambassadeur à Bad Ems pour rencontrer Guillaume 1er afin de retirer la candidature prussienne. Il voulait aussi la garantie qu’aucun Hohenzollern ne chercherait à prétendre au trône d’Espagne, à l’avenir. L’ambassadeur obtint ce retrait mais sans avoir de renoncement perpétuel. Puis, le Roi de Prusse éconduit poliment l’ambassadeur puisque le sujet était clos et la réponse assez satisfaisante pour la France.

Cependant Bismarck, politique avisé, fit un évènement de ce non-évènement. Ce même-jour, il fit croire à l’humiliation de l’ambassadeur en diffusant la Dépêche d’Ems. Son objectif était d’entraîner la France belliqueuse à déclarer la guerre à la Confédération et ainsi se poser en victime d’une agression.

Appartements Napoléon III au Louvre
Les appartements Napoléon III réaménagés au Louvre

2 Septembre 1870 : L’humiliation française, Napoléon III capturé

Le plan du Chancelier Bismarck réussit avec brio. Les députés français étaient majoritairement va-t-en-guerre grâce à la confiance qu’ils avaient en leurs capacités militaires. Pourtant, certains comprirent que la situation était plus dramatique qu’elle n’y paraissait. Le célèbre député Adolphe Tiers l’exprima haut et fort dans l’assemblée. Sans effet.

Le 15 juillet, les crédits de guerre étaient approuvés au Parlement et le 19, la France déclara la guerre à la Prusse. De facto, les états de la Confédération d’Allemagne du Nord rejoignirent la Prusse, ainsi que les états catholiques du Sud. Bismarck réussit à les rallier dans sa lutte contre l’agresseur français et lui apporta un avantage décisif.

Pourtant, Bismarck, lui, avait très bien compris que la France avait des lacunes militaires après la déroute subie lors de l’Expédition Mexicaine (1861-1867). Le bilan de la Guerre Franco-Allemande lui donna raison. L’Empire Français se retrouva en infériorité numérique tout au long du conflit. L’armée souffrait de lacunes stratégiques, d’une faible adaptabilité et de l’incompétence de son Etat Major. La France n’était pas prête et eut, en plus, de sérieux problèmes logistiques.

En face, la Prusse et ses alliés étaient tout le contraire. Organisés, disciplinés, entraînés et récemment victorieux d’une guerre contre le puissant Empire d’Autriche. La suite fut donc plutôt logique. La France subit de nombreuses défaites importantes. Cela commence par la défaite à la Bataille de Wissembourg, le 4 août 1870 puis celle de la Bataille de Frœschwiller-Wœrth le 6. Néanmoins le 15, la France remporta une belle victoire à Mars-la-Tour. Victoire sans suite, car le Maréchal Bazaine l’exploita très mal et annula ses bienfaits. Dès lors, l’avancée allemande put continuer et le 20 août ils mirent le siège devant Metz. Puis, le 1er Septembre, ce fut le début la funeste bataille de Sedan qui conduira l’Empereur Napoléon III à se faire capturer le 2 et directement envoyer en Allemagne le lendemain.

Château de Sedan
Le Château de Sedan, lieu de la défaite de Napoléon III

Septembre 1870 : La Délégation de Tours et la tentative de sauvetage de la situation

L’annonce de la capture provoqua quelques soubresauts révolutionnaires dans Paris. Pour calmer la situation, le 4 Septembre, la Troisième République fut proclamée et un Gouvernement de Défense Nationale se mit en place. A sa tête, le Général Jean Louis Torchu et Léon Gambetta fut nommé Ministre de la Guerre.

Le travail du Gouvernement serait conséquent car il fallait réorganiser toute l’armée française afin de repousser et vaincre l’ennemi. De plus, Paris fut rapidement menacée par les troupes allemandes. Une partie de ce gouvernement fuit alors à Tours, le 12 septembre, pour continuer la réorganisation. Le reste du Gouvernement s’attelait à organiser la résistance de Paris dont le siège commença le 17 septembre.

Cependant, cela ne suffit pas. Léon Gambetta, en personne, fuit à son tour Paris, en ballon afin de rejoindre la délégation de Tours. Il devenait impératif de mettre en place cette défense nationale. Il y arriva le 9 octobre. Cette délégation réussit à constituer quatre nouvelles armées, grâce à de nombreux efforts. Ainsi, l’armée du Nord, de la Loire, de l’Est, et des Vosges furent envoyés au front. Pendant ce temps-là, le 19, à Metz, Bazaine capitula, livrant aux Prussiens 180 000 soldats, 1 660 canons et 278 000 fusils.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la guerre ne fut pas non plus un fiasco total. Les armées françaises réussirent à remporter des batailles, comme Mars-la-Tours, et résistèrent à l’ennemi comme lors du Siège de Belfort. Cependant, ils n’arrivèrent jamais à transformer leurs victoires en retournements décisifs. Surtout ils n’eurent jamais la capacité de briser le siège de Paris. Au contraire, les Prussiens enchaînèrent les victoires décisives et profitèrent des maladresses françaises.

Gare de Tours
Tours accueillit la Délégation du Gouvernement chargé de la réorganisation militaire

1871 : L’armistice et le Traité de Versailles l’ultime humiliation française

L’armistice fut signé le 26 janvier 1871. Le siège de Paris prit alors fin et l’accord entra en vigueur le 28. Il prévoyait la tenue d’une élection législative le 8 février. Une Assemblée à majorité pacifiste fut élue et elle nomma Adolphe Thiers comme Chef du Gouvernement.  Un traité de paix préliminaire fut signé à Versailles le 26 février et la paix définitive serait établie lors du traité de Francfort du 10 mai 1871.

Le traité stipula que la France devait céder les territoires suivants, le Haut et Bas-Rhin, la majorité de la Moselle, une grande partie de la Meurthe ainsi qu’un bout des Vosges. La France devait aussi payer une indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or et que dans l’attente du versement, le territoire français serait occupé en guise de gageure.

Cette guerre aura donné naissance à deux nouveaux régimes de part et d’autre de la frontière. En Allemagne, un Empire fut proclamé grâce à l’union des territoires, sous l’égide prussienne, permise par cette guerre. Guillaume 1er fut proclamé empereur, le 18 janvier 1871, dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles. Bismarck triomphait ! En France, c’est le retour de la République qui fut permis par la chute de Napoléon III. Cette terrible humiliation française provoqua deux grandes réactions politique. La première, le besoin de retrouver sa grandeur qui se traduira dans la confection d’un grand Empire Colonial. La deuxième, une haine envers les prussiens qui se traduira par la Première Guerre Mondiale.

Galerie des Glaces de Versailles
La naissance de l'Empire Allemand eut lieu dans la Galerie des Glaces

Les principales villes de l'humiliation française

Retrouvez les principales villes de l’humiliation française dans mes Cartes aux Trésors. Nous découvrirons ensemble leurs plus beaux monuments.

Belfort

Sedan

Metz

Tours

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