Le Catholicisme au cœur de la France du Moyen-Âge

Publié par France-Trotter le

Le Catholicisme au cœur de la France du Moyen-Âge

Intro : La France est aujourd’hui une république laïque. Une part importante de ses habitants se revendiquent comme laïc, tandis que les croyants ne sont plus exclusivement des catholiques, ou des protestants, mais ils sont aussi musulmans, juifs ou encore bouddhistes. Malgré le déclin important de la place du catholicisme dans la société et dans le débat public, les traces de son prestige d’antan sont encore bien visibles dans notre quotidien : les saints, les jours fériés, les monuments, les cloches qui sonnent, etc. Cependant, l’origine du catholicisme en France et les différentes facettes de son importance sociale et politique ne sont pas forcément connues. Alors aujourd’hui, nous nous focaliserons sur l’importance du catholicisme au cœur de la France au Moyen-Âge

Au Moyen-Âge, la société française était très structurée et pyramidale. Elle se composait de trois ordres : la noblesse, le clergé et le peuple essentiellement paysan (qui seront dénommés plus tard « Tiers Etats »). Au sommet de la pyramide, les nobles détenaient le pouvoir temporel et les clercs détenaient le pouvoir spirituel. En bas, il y avait la masse populaire. A partir de cette hiérarchie sociale, regardons la place occupée par le catholicisme au cœur de la France.

XIVe Siècle : Des papes français à Avignon

Commençons par la plus haute autorité cléricale, la Papauté. Pour beaucoup, la Papauté rime avec la Place Saint-Pierre de Rome et ils ont raison. Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, la plupart des Papes furent des italiens siégeant à Rome. En revanche à partir de cette date, les choses évoluèrent avec l’élection de plusieurs papes étrangers. Sur les 15 papes régnants entre 1250 et 1300, 7 étaient italiens, mais 3 venaient du Saint-Empire Romain Germanique, un était savoyard, un autre portugais, et enfin, nous retrouvons 3 français : Urbain IV en 1261, Clément IV en 1265 et Martin IV en 1281.

Cet élargissement traduisit la nouvelle réalité politique du moment. Les monarques européens commencèrent à centraliser leurs pouvoirs et ils cherchèrent l’appui du Saint-Siège dans cette quête. Comme les sociétés européennes étaient très pieuses et redoutaient l’excommunication, influencer le Pape octroyait un pouvoir certain sur son peuple et sur ses rivaux. Or, en France, les principaux ennemis du Roi de France Philippe le Bel étaient les templiers. Cependant, en tant qu’ordre religieux, seul le Pape avait le droit de les juger. Le Roi se débrouilla pour faire élire un de ses sujets, l’archevêque de Bordeaux, en 1305. Clément V devenait Pape.

Clément V, obligé d’être géographiquement proche de la France pour diriger le procès et menacé par une guerre civile entre les nobles romains, s’installa à Avignon. A l’époque, cette cité du Comté de Provence était à la frontière des Etats Pontificaux et de la France. Ce fut donc le lieu parfait pour installer la cour papale en 1309. Les 6 successeurs français de Clément V décidèrent aussi d’y rester, notamment le Pape Clément VI qui acheta la ville d’Avignon à Jeanne 1ere, Reine de Naples et Comtesse de Provence, et qui agrandit fastueusement le Palais des Papes. Ainsi, la cour quittait durablement Rome, une première dans l’histoire.

Le Palais des Papes d'Avignon
Le Palais des Papes d'Avignon agrandit par le Pape Clément VI

Le sacre royal et sa légitimité divine plaçant le Catholicisme au cœur de la France

Cette francisation des hautes sphères de la Papauté fut voulue par différents Rois de France. Il était primordial, pour eux, d’être en bon terme avec le pouvoir religieux afin d’assoir leurs légitimités politiques. Au-delà de la francisation, le simple fait d’avoir de bonnes relations avec le Saint-Siège était presque une obligation pour les rois, même si certains s’en affranchirent face à des papes faibles. Il était impératif d’éviter l’excommunication ou des représailles d’ordres politiques ou économiques.

De plus, comme vous le savez, la France était une monarchie de droit divin et la couronne royale était déposée sur la tête du Roi par la volonté de Dieu. Cette tradition inaugurée par Clovis et reprise par ses successeurs faisait de l’Eglise le garant de la couronne et l’institution permettant le sacre. Lors du sacre, tous les Rois de France devaient suivre deux rituels montrant la place prépondérante du catholicisme au cœur de la France

Le premier était le serment que devait faire le roi, depuis Louis II le Bègue en 877. Chaque roi promettait les choses suivantes lors de son serment. Assurer la protection de l’Église et de ses biens. Préserver la société chrétienne. Faire la guerre aux hérétiques. Être juste et respecter la justice, selon les lois divines, évidemment. Le deuxième était l’onction de l’huile sacrée provenant de la Sainte Ampoule, une tradition remontant au baptême de Clovis.

La Cathédrale Notre-Dame de Reims
La Cathédrale Notre-Dame de Reims a accueilli la quasi totalité des sacres royaux

La Prairie de France, un conseil partagé entre laïcs et ecclésiastiques

Au cours du sacre, le Roi était assisté par les douze personnalités les plus importantes du royaume. C’étaient les douze Pairs de France formant la Prairie de France. Cette prairie se composait par moitié de laïcs et d’ecclésiastiques. Les pairs laïcs étaient les vassaux les plus importants et puissants du royaume. Il y avait, par ordre d’importance, le Duc de Bourgogne, le Duc de Normandie, le Duc d’Aquitaine, Comte de Toulouse, le Comte de Flandres et le Comte de Champagne. Chacun portait un attribut militaire ou politique du roi, comme son épée ou son étendard.

Les pairs ecclésiastiques, eux, représentaient les évêchés les plus importants du royaume. Par ordre d’importance, ils portaient les différents attributs spirituels et esthétiques du roi. L’archevêque de Reims, le plus important, sacrait et couronnait le roi. L’évêque de Laon portait la Sainte-Ampoule permettant l’onction. L’évêque de Langres portait le sceptre du Roi. Le manteau royal était porté par l’évêque de Beauvais. L’évêque de Châlons portait l’anneau royal. Enfin, l’évêque de Noyon portait le baudrier royal. Enfin, portait le manteau du Roi.

Le sacre royal se voulait la symbolique de l’ordre social en vigueur avec un pouvoir royal entouré à parts égales entre ses vassaux et les ecclésiastiques. Néanmoins, cette symbolique montre la légère primauté des religieux puisque le sacrement du Roi ne pouvait être fait que par un ecclésiastique.

Cependant, la place du catholicisme au cœur de la France ne se limitait pas à la symbolique de la cérémonie. Ces douze dignitaires étaient aussi les garants de la monarchie. En cas de minorité du nouveau roi, ce conseil choisissait le régent du royaume. Si le Roi mourrait sans descendance, c’était aussi à eux de choisir le nouveau roi en fonction des liens de parentés entre les différents proches du défunt Roi.

1095 : l'Appel de Clermont et la Première Croisade

Je me suis longtemps attardé sur les très hautes sphères du pouvoir. Il est donc temps de descendre un peu plus dans la hiérarchie sociale pour voir d’autres aspects de l’influence du catholicisme au cœur de la France. Pour cela, nous allons regarder du côté de la noblesse et du peuple en lui-même à travers l’exemple des croisades.

Comme expliqué précédemment, l’Eglise possédait essentiellement un pouvoir spirituel sur la société dans son ensemble. Cependant, elle arrivait à lever des armées en son nom et pour ses intérêts à de nombreuses reprises grâce à ses prérogatives. Le Pape étant le représentant de Dieu sur Terre, il avait la possibilité de pardonner, d’absoudre les pêchés ou bien d’excommunier. Cela apeurait ou tentait facilement les fidèles, ce qu’il lui permit d’en disposer régulièrement.

Ce fut le cas en 1078, lorsque le peuple turc des Seldjoukides s’empara de la ville de Jérusalem et interdit les pèlerinages chrétiens dans les lieux-saints. Le Pape Urbain II ne pouvait alors pas rester sans rien faire, surtout face aux pèlerins en colère. En 1095, depuis Clermont, il appela à la croisade contre les turcs afin de libérer Jérusalem. Pour lever une armée conséquente, il promit le remplacement de la pénitence par le départ en Terre-Sainte. Par ses prêches et par cette promesse, de nombreux nobles portèrent la croix et 35 000 croisés prirent la route de la Terre Sainte.  

Étonnamment, la prêche toucha bien au-delà de la noblesse. Elle suscita un enthousiasme que le pape n’avait lui-même pas envisager. Relayé jusqu’en Allemagne par le prédicateur Pierre l’Ermite, entre 20 000 et 40 000 paysans partirent eux-aussi pour la Terre-Sainte. Urbain II réussit par son pouvoir spirituel à lever une armée de plus de 50 000 fidèles. C’était une armée très importante pour l’époque.

La Cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Clermont
La Cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Clermont et la statue du Pape Urbain II à l'origine du fameux appel de 1905

La dîme, l'impôt du catholicisme au coeur de la France

Enfin, la place du catholicisme en France ne se limitait pas qu’au pouvoir spirituel et à l’organisation de la société. L’Eglise prenait aussi une part importante dans la vie économique car elle avait besoin d’argent et de biens pour s’entretenir. Un impôt clérical, la dîme, fut donc instauré à la fin du VIIIe siècle en France afin de prélever aux paysans et aux partisans une partie de leurs productions.

Au début, les fidèles en devaient un dixième. Ce dixième de production était partagé entre les paroisses et les évêchés. De nombreux produits étaient concernés par l’impôt. Aussi bien le vin, que les céréales, les fruits, les fromages ou la laine. Lors du paiement, il y avait régulièrement des litiges autour des quantités exactes à verser. Cependant, rares étaient les paysans à s’opposer aux volontés de l’Eglise. Ils préféraient ne pas prendre le risque de voir la foudre divine s’abattre sur eux et ils payaient les surplus demandés.

De plus, avec le temps, le montant de la dîme évolua. Sa fixation était décidée en local. Ainsi, suivant la paroisse, le taux d’imposition variait grandement. Il pouvait être presque nul comme dans certaines paroisses de Flandres ou du Dauphiné, comme il pouvait s’élever jusqu’à un septième de la production dans certaines paroisses de Lorraine. L’ajustement des taux permettait aux curés de s’adapter à leurs populations, notamment quand elle était très misérable.

A travers tous ces exemples, vous avez pu constatez l’omniprésence du catholicisme au cœur de la France du Moyen-Âge et ceux peu importe les strates de la société. L’Eglise influençait autant les Rois, qu’elle levait des armées de nobles et qu’elle taxait les paysans.

Les principales villes d'un Catholicisme au cœur de la France

Retrouvez les principales villes qui ont aidé à mettre le catholicisme au coeur de la France médiévale dans mes Cartes aux Trésors. Nous découvrirons ensemble leurs plus beaux monuments.

Clermont

Reims

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