Les Guerres de Religion

Publié par France-Trotter le

Les Guerres de Religion

Intro : La France est aujourd’hui une république laïque. Une part importante de ses habitants se revendiquent comme laïc, tandis que les croyants ne sont plus exclusivement des catholiques, ou des protestants, mais ils sont aussi musulmans, juifs ou encore bouddhistes. Malgré le déclin important de la place du catholicisme dans la société et dans le débat public, les traces de son prestige d’antan sont encore bien visibles dans notre quotidien : les saints, les jours fériés, les monuments, les cloches qui sonnent, etc. Cependant, l’origine du catholicisme en France et les différentes facettes de son importance sociale et politique ne sont pas forcément connues. Alors aujourd’hui, nous nous focaliserons sur les Guerres de Religion en France, lors du XVIe siècle.

1515 – 1562 : les origines des Guerres de Religion

Au début du XVIe siècle, le protestantisme gagnait en influence en France. Cependant, ce siècle commença sous le règne de deux puissants rois, François 1er et Henri II, qui surent contenir suffisamment les tensions religieuses.

François 1er fut, tout d’abord, conciliant avec les protestants bien qu’il les considérât comme un défi à son autorité. Puis en 1534, l’Affaire des Placards eut lieu. Des textes anti-catholiques furent placardés dans toutes les villes et jusque sur la porte de la chambre à coucher du Roi. Dès lors, sa politique devint répressive, et en 1545, 3 000 protestants furent massacrés à Mérindol.

En 1547, Henri II devint Roi de France et il amplifia la politique de répression en faisant appliquer une législation antiprotestante. Juste avant sa mort, il proclama l’Edit d’Ecouen en 1559. Ainsi, il autorisa à abattre, sans jugement, tout protestant en fuite ou révolté.

Les catholiques se sentirent libérés et furent extrêmement zélés. Les protestants se sentirent en danger, s’armèrent et s’allièrent entre eux en prévision de ce qui pourraient leur arriver. Comme si la situation n’était pas assez instable, Henri II décéda la même année. Son fils de 15 ans, François II, monta sur le trône et la régence du Duc de Guise, un leader des catholiques, se mit en place.

Toutes les pièces du drame à venir était alors assemblées. Pourtant, il y eut un dernier sursaut, en 1560, avec la mort de François II et l’arrivée au pouvoir de Charles IX, son petit-frère. La Reine-Mère, Catherine de Médicis, prit le contrôle de la Régence et chassa les Guise du pouvoir pour calmer le jeu. Elle ordonna aussi la tenue de colloques œcuméniques afin de sortir de la crise et rédigea l’édit de Janvier de 1562 autorisant la liberté de conscience et de culte pour les protestants.

Château d'Amboise
Des textes anti-catholiques furent placardés sur la porte de la chambre du Roi à Amboise

1562 - 1563 : la Première Guerre de Religion

Logiquement, la détérioration continue des droits des protestants et la polarisation des deux camps radicalisés conduisirent à la violence. Le premier déclencheur se produisit le 1er Mars 1562 où le Duc de Guise commit le célèbre Massacre de Wassy lorsqu’il traversa ce village protestant. Après cet évènement, de nombreux massacres furent perpétués et cela força les protestants à se défendre et à prendre des villes dans le Sud de la France et le long de la Loire.

A ce moment-là, la Reine Catherine de Médicis était toujours la Régente et tentait encore de concilier les deux camps. Néanmoins, le Duc de Guise avait décidé de régler cette question par les armes. Il la força à se mettre sous sa protection pour la surveiller et l’empêcher d’arriver à ses fins. Dès lors, de nombreux combats eurent lieu entre les catholiques menés par le Duc de Guise et les protestants menés par le Prince de Condé.

Alors que le conflit s’enlisait, Catherine de Médicis réussit à imposer la paix et le 19 mars 1563 l’édit d’Amboise était signé. Il autorisait le culte protestant dans certains lieux réservés comme des chapelles de châteaux ou certaines villes.  Cette paix instaura plus de tolérance dans la société mais elle lui laissa aussi de nombreuses séquelles et destructions avec de nombreuses mises à sac perpétuées par les protestants.

1568 – 1570 : la Troisième Guerre de Religion

La paix fut de courte durée. La guerre reprit 4 ans plus tard, en 1567, lorsque le Prince de Condé tenta de capturer, sans succès, la famille royale à Meaux. Il déclencha brièvement la Deuxième Guerre de Religion dont l’impact fut limité. Elle s’arrêta le 23 Mars 1568.

Puis 4 mois après, la guerre recommença véritablement, lorsque les catholiques échouèrent à capturer par surprise les chefs des protestants, Condé et Coligny, le 29 Juillet. Dans la foulée, le 12 Septembre, le Pape Pie V, légitima la reprise de la guerre en appelant à la croisade contre les protestants français. La Troisième Guerre de Religion commença.

Les batailles eurent essentiellement lieu dans l’Ouest de la France. Les deux camps s’y affrontèrent violemment et avec acharnement au point où le Prince de Condé trouva la mort à la Bataille de Jarnac, le 13 mars 1569. L’Amiral Gaspard de Coligny devint alors l’unique chef des protestants. Pour diriger ses armées, il choisit le successeur de son ancien acolyte, le nouveau Prince de Condé, et Henri III de Navarre, le futur Henri IV.

Les protestants perdaient pied dans cette guerre. Les catholiques continuèrent leurs démonstrations de force et causèrent la perte de plusieurs milliers de protestants à La Roche-L’Abeille, le 25 juin 1569. Les espoirs protestants pour cette guerre étaient anéantis. La guerre se termina l’année suivante avec la signature de l’édit de Saint-Germain-en-Laye, le 8 août 1570. Il accordait aux protestants une liberté limitée de pratiquer leur culte.

Château de Saint-Germain-en-Laye
Le Château de Saint-Germain-en-Laye où fut signé l'Edit en 1570.

1572 : le Massacre de la Saint-Barthélemy au cœur des Guerres de Religion

Les protestants semblaient alors avoir un avenir compromis. Ce fut sans compter sur la Reine Catherine de Médicis. Elle voulait toujours concilier les deux camps et pacifier le royaume. Par conséquent, elle réintégra Coligny au conseil royal et maria sa fille, Marguerite, au protestant Henri de Navarre. Ce mariage eut lieu le 18 août 1572 à Paris. Tous les grands du royaume assistèrent à la cérémonie y compris les chefs des factions protestantes. Néanmoins, les catholiques, très présents à Paris, s’opposaient à cette politique de conciliation, surtout que le Pape n’avait pas accordé d’autorisation pour ce mariage. Les tensions en ville étaient alors maximales.

Elles atteignirent le point de non-retour quand, le 22 août, Coligny subit une tentative d’assassinat. Pour apaiser la situation, le roi rendit visite à Coligny et lui promit justice. Les catholiques énervés par cette promesse menacèrent de quitter Paris. Le roi se trouvait alors face à un potentiel conflit entre les deux camps et avec la peur de se retrouver seul dans Paris face aux protestants. Charles IX et son conseil prirent alors la décision de liquider tous les protestants, par sécurité

Le massacre commença dans la nuit du 23 au 24 août 1572 par l’assassinat des principaux chefs protestants à l’exception du jeune Prince de Condé et de Henri III de Navarre. Puis, face à ces agitations, les parisiens catholiques paniquèrent et dans un excès de violence sortirent dans la rue pour massacrer de nombreux protestants. Ce massacre se généralisa à d’autres grandes villes lorsque le roi donna l’ordre de le faire à travers le royaume. La Quatrième Guerre de Religion commença alors, sans pour autant prendre véritablement d’importance.

1585 - 1598 : la Huitième Guerre de Religion

Entre 1574 et 1580, le Royaume de France connut trois autres guerres de religion, d’importances secondaires, qui ne permirent par la fin des conflits. Cependant, le dénouement final arriva lors de la Huitième Guerre de Religion.

Cette dernière guerre se fit dans un contexte de succession houleuse. Henri III, le Roi de France n’avait pas de descendant. Les règles de succession en vigueur désignaient alors comme héritier du trône Henri III, le Roi de Navarre. Cette situation était impensable pour Henri de Guise et ses acolytes catholiques. Après tant de luttes, un roi protestant ne devait pas régner en France. Par conséquent, ils demandèrent l’interdit sur les protestants et la suppression des droits de succession de Henri III de Navarre ainsi que tout autre prince protestant. Ses demandes furent acceptées et déclenchèrent les hostilités en 1585.

A ce moment-là, les Guise étaient les principaux conseillers du roi et prirent le commandement des armées catholiques. Henri de Guise commandait le front est contre les mercenaires allemands. Son frère Charles, et l’armée royale, luttaient contre le Roi de Navarre au sud. La bascule décisive eut lieu en octobre 1587. Les protestants gagnèrent contre le roi, mais Henri de Guise l’emporta contre les allemands. Henri de Guise était donc en position de force et il en profita pour demander davantage de pouvoirs, mais ça lui fut refusé.

Il décida alors d’entrer dans Paris et de participer à la Journée des Barricades. Le roi fut acculé et humilié car la Ligue Catholique et les Guise s’étaient retournés contre lui. Sa réaction ne se fit pas attendre. Lors des Etats Généraux de Blois du 23 décembre 1588, il fit assassiner tous les chefs catholiques présents, dont les frères Guise. Cet acte entraîna la rébellion de leurs partisans de nombreuses villes devinrent hostiles au roi. Henri III de France dut changer de camper et s’allier avec Henri III de Navarre contre cette nouvelle menace.

La fin des Guerres de Religion

Le dénouement du conflit eut lieu lorsque le Roi de France, Henri III, fut assassiné par Jacques Clément le 1er août 1589. Cet ultra-catholique tua le roi à cause de son revirement d’alliance. Dès lors, sa mort fit de Henri III de Navarre le nouveau Roi de France, Henri IV. Cependant, le conflit n’était pas fini car le Roi devait encore lutter contre les ligueurs catholiques et reconquérir le territoire.

Malgré ses victoires militaires, il se rendit compte qu’il ne pourra jamais régner en tant que protestant. Il céda donc à la pression et accepta la conversion avec sa célèbre citation « Paris vaut bien une messe ». Le 27 février 1594, en la Cathédrale Notre-Dame de Chartres, il se fit couronner Roi de France. Le Pape légitima ce couronnement et une partie des ligueurs l’acceptèrent. Les tensions redescendirent mais il y avait encore de nombreuses troupes étrangères à chasser du royaume. Je ne l’ai pas développé, mais tout au long des guerres, les espagnols envoyaient des soldats pour soutenir militairement les catholiques. La paix fut signée avec eux le 2 mai 1598 lors de la Paix de Vervins.

Le territoire enfin unifié, Henri IV s’attela à unifier la société. A cet effet, il écrivit l’Edit de Nantes le 30 avril 1598. Cet édit reprit les mesures précédemment appliquées dans d’autres traités de paix élaborés des précédents conflits. L’édit garantissait la liberté de conscience et de culte. Il donnait accès aux charges et aux dignités ainsi qu’à l’enseignement supérieur. De plus, de nombreuses places fortes furent données aux protestants et, dans certaines villes, seul le culte protestant était autorisé (quand dans d’autres c’était le culte catholique). Les conflits s’arrêtèrent, les tensions s’apaisèrent sans pour autant les éliminer.

L’assassinat d’Henri IV, le 14 Mai 1610, en est la preuve.

la Cathédrale Notre-Dame de Chartres
En la Cathédrale Notre-Dame de Chartres, le 27 février 1594, Henri IV fut sacré Roi de France

Les principales villes des Guerres de Religion

Retrouvez les principales villes des Guerres de Religion dans mes Cartes aux Trésors. Nous découvrirons ensemble leurs plus beaux monuments.

Blois

Paris

Chartres

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