Le Duché d’Aquitaine : d’une guerre à une autre

Publié par France-Trotter le

Le Duché d'Aquitaine : d'une guerre à une autre

Intro : Le Duché d’Aquitaine, n’a pas toujours été intégré à ce bel hexagone allant de Brest à Strasbourg ou de Dunkerque à Perpignan. Le Royaume de France a longtemps été composé d’un domaine royal, propriété du Roi, et d’une multitude de seigneuries, comtés et autres duchés, plus ou moins vassaux de ce dernier. Cependant, l’autorité royale ne s’exerçait pleinement que sur le domaine. Les vassaux, bien que lié par un serment de fidélité, avaient une certaine liberté, qu’ils s’octroyaient parfois eux-mêmes.

C’est pour ces raisons que de Hugues Capet jusqu’à Louis XV voire Napoléon III, les différents rois voulurent étendre le domaine, jusqu’au frontière qui font la France contemporaine. Cependant, cet agrandissement du domaine royal n’était pas du goût des principaux ducs et duchesses de France qui ont tout fait pour empêcher l’intégration de leurs duchés. 

732 : Le Duché d'Aquitaine et les guerres carolingiennes

A l’époque, la région d’Aquitaine était aux portes du territoire musulman, issu des invasions en Espagne. L’Aquitaine subit alors de nombreuses attaques des musulmans qui cherchaient à la piller. L’une des plus expéditions les plus connues fut celle de 732. Elle emmena les musulmans, venus d’Espagne, jusqu’à Poitiers, où Charles Martel les attendait. Le sort de la bataille est bien connu, la victoire fut du côté des francs. Elle permit, ainsi, de mettre fin aux avancées musulmanes dans le Royaume. 

Cependant, la paix fut de courte durée, car la succession de Charles Martel était contestée. Comme d’autres nobles, le Duc d’Aquitaine, Hunald 1er, se souleva contre l’autorité franque. Pépin le Bref et Carloman, fils de Charles Martel, prirent alors les armes et envahirent à deux reprises le duché, en 742 et 743, pour mater la révolte. De 760 à 768, c’est une histoire autour des droits de l’Eglise qui conduit le Duc Waifre, fils de Hunald, à se rebeller contre les francs. Encore une fois, Pépin le Bref intervint et mata la rébellion aquitaine

La fin de la période contestataire arriva sous Charlemagne. Il créa, pour son fils, le futur Louis 1er dit le Chauve, un Royaume à la périphérie de l’Empire : le Royaume d’Aquitaine. Dès lors, l’autorité se trouva entre les mains de proches du pouvoir franc et le calme put régner pendant de nombreuses années.

1058 : Une guerre de succession pour élargir le Duché d'Aquitaine

Le Royaume d’Aquitaine connu, ainsi, deux siècles de paix relativement stables. Cependant au début du Xe siècle, il disparut sans trop de raisons des titres nobiliaires pour redevenir un simple duché. La raison se trouve, sans doute, dans les multiples révoltes gasconnes. A l’époque, le Royaume d’Aquitaine était composé de deux grands duchés : le Duché d’Aquitaine et le Duché de Vasconie. Or, comme ce dernier se rebella régulièrement contre le Roi, il était donc probable que les deux duchés furent séparés par ces révoltes. 

Cependant, cela n’empêcha pas le bon déroulement des successions ducales qui s’enchaînèrent sans soucis en Aquitaine. Parfois, les successions du Duché de Vasconie et du Duché d’Aquitaine étaient liées. Même s’ils étaient séparés, ils gardèrent des liens forts et étroits et des mariages les réunissaient temporairement. Ce fut le cas pour le Duc Eudes, fils du Duc d’Aquitaine et de l’héritière de Vasconie qui rassembla les deux couronnes lors de son règne. A sa mort, le double duché se sépara à la suite de règles de succession différentes d’un duché à l’autre. L’Aquitaine revint au Duc Guillaume VII, son demi-frère, et la Gascogne revint au Duc Bernard II, son neveu.

Dans le duché, tout se passait pour le mieux, jusqu’en 1058, date à laquelle le Duc Guillaume VII rendit l’âme. Guillaume VIII, son frère, décida de contester l’héritage Gascon à Bernard II. Evidemment, il ne voulait pas se soumettre ni rendre son duché. Ce fut donc la guerre entre les deux qui se régla à la Bataille de La Castelle en 1062. Guillaume la gagna et récupéra, ainsi, le deuxième duché pour reformer un vaste Duché d’Aquitaine.

La Cathédrale Saint-André de Bordeaux
La Cathédrale Saint-André de Bordeaux, lieu du mariage d'Aliénor et Louis

Début du XIIe siècle : Aliénor d'Aquitaine, Reine de France

80 ans après, la célèbre fille de Guillaume X, Aliénor d’Aquitaine hérita de ce duché. Son héritage généra de nombreuses convoitises car il promettait le puissant duché au futur mari. Initialement, elle n’était que deuxième dans l’ordre de succession. Cependant, la mort de son frère aîné, Guillaume Aigret en 1130, et celle de son père en 1137, la propulsa à l’âge de 15 ans, duchesse d’Aquitaine.

De nombreux vassaux du Duc Guillaume voulaient se marier avec Aliénor pour devenir duc. Cependant, c’est avec le futur Louis VII qu’elle se maria. Les raisons de son mariage sont inconnues, mais deux scénarios sont possibles. Soit, le Duc ordonna le mariage, avant sa mort, pour éviter que le Duché ne revienne à un vassal. Soit, le Roi de France Louis VI décida du mariage, car en tant que suzerain, il était en droit de choisir un mari pour les filles sans père. Ainsi, Aliénor d’Aquitaine devint Reine de France à l’avènement de Louis VII, en 1137. 

Cependant, leur union vacilla très rapidement. Aliénor, de culture occitane, était mal-aimée à la cour de France. Le jeune couple royal prit de mauvaises décisions par intérêts personnels. Ils générèrent aussi des débordements militaires entraînant l’incendie d’une église remplie de fidèles. Le pape, très remonté contre le couple, jeta l’interdit sur le Royaume. Il les força, aussi, à participer à la deuxième croisade, pour laver leurs pêchers.

Cette croisade fut un tournant dans le couple. Un événement inconnu s’y déroula, à Antioche, en 1148, ville que gouvernait l’oncle d’Aliénor. Aucun commentateur de l’époque ne voulut écrire à ce sujet, mais une liaison invérifiable entre Aliénor et son oncle serait possible. Quoi qu’il en soit, cet incident d’Antioche provoqua la rupture de leur mariage. Ce que fit en 1152, le concile de Beaugency, pour motif de consanguinité.  

Fin du XIIe siècle : Aliénor d'Aquitaine, Reine d'Angleterre

Aliénor se retrouva donc libre tout engagement et en pleine possession de son Duché d’Aquitaine. Elle redevint aussi courtisée par tous les nobles pour son héritage, au point que certains ont voulu la kidnapper, sans succès, pour la forcer à se marier. Cependant, son célibat ne dura pas très longtemps, puisqu’elle épousa à Poitiers, huit semaines après le concile, Henri de Plantagenêt, qui deviendra Henri II Roi d’Angleterre en 1154. 

De cette union, naquirent huit enfants dont les célèbres, Richard Cœur de Lion, en 1157, et Jean Sans Terre en 1166. De plus, ce mariage permit la création d’un immense empire angevin. Henri II, initialement Comte d’Anjou et du Maine, obtient la couronne d’Angleterre en héritage et le Duché d’Aquitaine par mariage. Cependant, ce vaste territoire était difficile à gouverner car il était beaucoup trop grand. En 1170, Henri II fut donc obligé de réformer le gouvernement. Il décida de nommer Richard Cœur de Lion, Duc d’Aquitaine, au nom d’Aliénor. Il était impératif pour les Plantagenêt de contrôler et maîtriser ce territoire aquitain récupérer à la barbe des français.

La Cathédrale Saint-Pierre de Poitiers
La Cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, construite par Aliénor et Henri juste après leur mariage

1294, 1324 : Les prémisses de la Guerre de Cent-Ans

Après la mort de Richard Cœur de Lion, en 1199, les Rois d’Angleterre se suivirent et se succédèrent à la tête du Duché d’Aquitaine. Pourtant, ce duché restait particulier. Il était placé sous la suzeraineté du Roi de France. Cela voulait dire que chaque nouveau Roi d’Angleterre, devenant Duc d’Aquitaine, devait prêter serment et fidélité au Roi de France. Ils devaient même se soumettre à sa justice. Les Rois d’Angleterre était donc techniquement l’égal des Rois de France dans leurs titres. Néanmoins, ils étaient inférieurs dans la loi. Cela posait donc un contentieux juridique énorme qui se transforma par deux fois en guerre ouverte.

La première fois, en 1294, c’était le Roi d’Angleterre Edouard 1er qui avait du mal avec ce serment. Une affaire d’affrontement maritime en Aquitaine entre différents sujets du Roi de France mit le feu aux poudres. La justice française força le Duc (et Roi) à se présenter devant elle en tant que vassal. Il décida de ne pas y aller. Il envoya, à sa place, son frère pour s’y faire représenter. Le tribunal n’apprécia pas et statua pour la confiscation du Duché pendant 40 jours. Ce fut donc le début de la Guerre de Guyenne, qui se conclut en 1303, par une victoire française. Cependant le traité de paix établit un statut quo. 

La deuxième fois, en 1324, c’était le Roi Edouard II qui refusa l’hommage au Roi de France à cause de la contestation de son autorité en Angleterre. A ce moment-là, les relations entre Edouard II et Charles IV étaient très mauvaises. Quelques petits imbroglios juridiques suffirent pour que Charles IV confisque l’Aquitaine et l’envahisse. La Guerre de Saint-Sardos était lancée. Elle dura trois mois, suite auxquels l’Aquitaine fut occupée en grande partie.

1337 - 1453 : La Guerre de Cent-Ans et l'annexion du Duché d'Aquitaine

Vous l’aurez donc compris, les relations franco-anglaises sont très mauvaises, depuis presque deux siècles, à cause de ces imbroglios juridiques en Aquitaine. Ajoutez à cela, un Roi de France qui soutient fortement le Roi d’Ecosse dans sa guerre contre Edouard III d’Angleterre. Puis, ajoutez aussi, l’épisode de succession houleux qui suit. A la mort de Charles IV, il n’y avait plus aucune descendance directe dans le royaume. Les nobles se réunirent donc pour élire un nouveau Roi. Edouard III pouvait prétendre à la Couronne de France, mais le futur Philippe VI lui fut préféré. Tout cela commençait à énerver Edouard III. Il décida, en 1337, de faire valoir ses droits sur le Royaume de France. Ainsi, il déclara la guerre à la France. La Guerre de Cent-Ans commença.

Je n’entrerai pas dans les détails de la Guerre de Cent-Ans. Elle fera certainement l’objet d’articles ultérieurs.

Durant cette guerre, l’Aquitaine passa de main en main au gré des combats. Une première série de victoires d’Edouard III sur les français amena en 1360 au Traité de Brétigny. Il rendit l’Aquitaine dans son ensemble à Edouard, avec des compensations territoriales encore plus grandes. Pourtant, le nouveau Roi de France, Charles V, fit rapidement la reconquête de l’Aquitaine. Il ne restait plus que les villes de Bordeaux (qu’il faut absolument visiter) et Bayonne aux mains des Anglais.

Cependant au début du XVe siècle, les Anglais du nouveau Roi d’Angleterre, Henri V, reprirent l’avantage en Aquitaine et dans le nord de la France. Ce sursaut fut le dernier. Les épopées de Jeanne, en 1429, arrivèrent vite. Puis, la Bataille du Castillon, en 1453, gagnée par les français, bouta définitivement les Anglais hors d’Aquitaine. Cela mit fin à la Guerre de Cent-Ans. 

La porte Cailhau à Bordeaux
La porte Cailhau, porte d'entrée de Bordeaux, dernier bastion anglais du Duché d'Aquitaine

Les principales villes du Duché d'Aquitaine

Retrouvez les principales villes du Duché d’Aquitaine dans mes Cartes aux Trésors. Nous découvrirons ensemble leurs plus beaux monuments. Vous trouverez aussi mes pages visites dédiées à l’Aquitaine et aux Poitou-Charentes

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Visiter Bordeaux en une journée ? | Que voir et faire, conseils et histoires​ · 9 août 2020 à 23 h 24 min

[…] d’abord, faisons un petit point historique. Bordeaux fut la capitale du Duché d’Aquitaine  depuis le XIe siècle. C’est lors de ce même siècle que la construction de la Cathédrale […]

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