Le Duché de Bretagne : d’un royaume à la soumission​

Publié par France-Trotter le

Le Duché de Bretagne : d'un royaume à la soumission​

Intro : Le Duché de Bretagne, n’a pas toujours été intégré à ce bel hexagone allant de Brest à Strasbourg ou de Dunkerque à Perpignan. Le Royaume de France a longtemps été composé d’un domaine royal, propriété du Roi, et d’une multitude de seigneuries, comtés et autres duchés, plus ou moins vassaux de ce dernier. Cependant, l’autorité royale ne s’exerçait pleinement que sur le domaine. Les vassaux, bien que lié par un serment de fidélité, avaient une certaine liberté, qu’ils s’octroyaient parfois eux-mêmes.

C’est pour ces raisons que de Hugues Capet jusqu’à Louis XV voire Napoléon III, les différents rois voulurent étendre le domaine, jusqu’au frontière qui font la France contemporaine. Evidemment, cet agrandissement du domaine royal n’était pas du goût des principaux ducs et duchesses de France qui ont tout fait pour empêcher l’intégration de leurs duchés. 

849 : Un royaume aux marges de l'Empire

Les premiers liens entre la Bretagne et la France remontèrent à Charlemagne et son immense empire dont elle faisait partiellement partie. La Bretagne était une Marche, une sorte de province à moitié vassalisée

A sa mort, l’empire fut facilement légué à son unique fils : Louis 1er dit le Pieux. Dès lors, les relations franco-bretonnes se dégradèrent rapidement. La succession de Louis n’a pas été aussi facile que pour Charlemagne. Ses 3 fils, Lothaire, Louis et Pépin montrèrent leurs ambitions bien avant que l’Empereur ne meure. Pour réaffirmer son autorité, il dut avancer ses hommes de mains aux postes-clés. Ainsi, il décida de nommer Nominoë, un noble local, comme son représentant en Bretagne, tout en lui confiant des prérogatives étendues.

A la mort de Louis le Pieux, et après le Traité de Verdun de 843, Charles II le Chauve, obtenait la couronne de Francie Occidentale (ancêtre de la France). Il tenta, alors, de reprendre le contrôle de la Marche en imposant d’autres hommes de mains pour la gouverner. Evidemment, Nominoë n’accepta pas cette politique et décida de se délier de tout engagement envers Charles le Chauve

Le résultat était prévisible : les deux hommes levèrent des armées et s’affrontèrent. A la surprise générale, Nominoë remportera une bataille cruciale, la Bataille de Ballon. Auréolé de gloire, il en profita pour asseoir davantage son autorité sur la région et réussit à se faire couronner Roi de Bretagne. Cependant, Charles le Chauve ne comptait pas en rester là. Pour laver cet affront, il profita de la mort de Nominoë, en 850, pour repartir à la conquête de la Bretagne. Ce fut une fois encore un échec. Le nouveau Roi de Bretagne, Erispoë, fils de Nominoë, battu Charles II à la Bataille de Jengland en 851 et acquis définitivement l’indépendance et son titre de Roi. 

942 : La perte du Royaume

A la fin de son siècle d’existence, le Royaume de Bretagne subit les invasions vikings ; comme toute la France. Elles dévastèrent le royaume et accélérèrent sa chute. Pour sortir la Bretagne de l’impasse militaire et politique dans laquelle elle était, un homme fort sort du lot. Il s’agit d’Alain Barbetorte, un notable breton qui réussit à s’imposer politiquement et à renverser la situation militaire.

Cependant, alors qu’il était l’homme fort de la Bretagne, il décida de se faire Duc de Bretagne et de prêter serment au Roi de France Louis IV dit d’Outremer. C’est ainsi que le Duché de Bretagne, et la Bretagne, retournèrent dans le giron de la France pour toujours s’en rapprocher un peu plus.

Château Hermine Vannes Duché de Bretagne
Le Château de l'Hermine à Vannes, la capitale du comté originel de Nominoë

XIIIe Siècle : L'idylle Capétien du Duché de Bretagne

Alors que, jusqu’à présent, les relations franco-bretonnes étaient relativement tendues et pleines de méfiances, elles changèrent rapidement du tout au tout, à cause des anglais. Il faut savoir que les Ducs de Bretagne et les Rois d’Angleterre avaient une ascendance commune : Constance de Bretagne, mère d’Aliénor d’Aquitaine. Par un petit jeu de lois et de traditions de successions, le jeune Arthur de Bretagne était en droit de réclamer le trône d’Angleterre au détriment des Richard Cœur de Lion et autre Jean sans Terre. 

Ces puissants rois anglais n’eurent pas d’autres obsessions que d’assassiner le jeune Arthur pour préserver leurs trônes. Et c’est Jean sans Terre qui réussit à le faire en 1203, après plusieurs tentatives infructueuses. Ce meurtre indigna la Bretagne et la poussa dans le camp français à la recherche de protection. Ainsi, la Duchesse Alix, épousa un membre éloigné de la famille royale : Pierre de Dreux.

Cette union rapprocha les deux états lors des règnes des différents ducs et duchesses. Le rapprochement se fit grâce au lien du sang, même s’ils étaient parents éloignés. Cependant, c’est surtout la participation à la huitième croisade au côté de Saint-Louis et, la nomination des Ducs au titre de Pair de France qui rendirent le rapprochement effectif. De plus, l’utilisation du français comme langue d’usage en Bretagne, le favorisa davantage.

1341-1364 : La Guerre de Succession du Duché de Bretagne

Cependant, cette idylle s’arrêta en 1341, en pleine Guerre de Cent-Ans, à la mort du Duc Jean III de Bretagne, quand deux héritiers prétendirent au duché. Sa nièce Jeanne de Penthièvre alliée aux Français et son demi-frère Jean de Montfort allié aux Anglais. Le duché devint alors un champ de bataille secondaire de la guerre. Jean de Montfort donna le premier coup, en 1341. Il partit de Nantes, la capitale (que je vous invite à visiter), pour une véritable épopée militaire. Il prit une vingtaine de places fortes dont Vannes, Brest, Rennes ou encore Quimper. 

Néanmoins, la contre-attaque ne se fit pas attendre. Dès la fin de l’année le Roi Phillipe VI montait une expédition punitive menée par le Duc de Normandie. Elle assiégea Nantes en une semaine et emprisonna Jean de Montfort. Cependant, le reste de la Bretagne était encore une zone de conflit. Jusqu’au début 1343, une succession de batailles et de sièges établirent un statuquo dans le duché. Le conflit s’enlisait. Les anglais progressaient sans vaincre l’ennemi et Jean de Montfort décéda en 1345. Les français perdaient et le mari de Jeanne était emprisonné à Londres, mais ils tenaient encore des places stratégiques.

Il fallut attendre la mort du mari de Jeanne de Penthièvre, pour mettre fin à ses prétentions. La guerre se termina par la signature du Traité de Guérande, le 12 avril 1365. Il établissait les règles de successions pour le duché. Dorénavant, les Montfort régneraient de mâle en mâle sur la Bretagne. Cependant, les Penthièvre pouvaient accéder au trône en cas de non-descendance masculine chez les Montfort.

Malgré cela, le Roi Charles V voulu annexer le Duché quelques années après. Néanmoins, il dut renoncer face à l’union des nobles bretons derrière Jean IV. Le Duché s’offrit alors une période de répit.

Château des Ducs de Bretagne à Nantes Duché de Bretagne
Le Château des Ducs de Bretagne à Nantes, symbole du pouvoir ducal

Anne de Bretagne, le dernier espoir

En 1477, Anne de Bretagne naquit. Ce fut la délivrance pour le duché. Son père François II obtenait, enfin, une héritière. Il pensait empêcher les rivalités autour de la succession en la faisant couronner duchesse devant les Etats Généraux de Bretagne. Néanmoins, le Traité de Guérande compliqua la situation. Les vieux droits des Penthièvre en cas de descendance féminine chez les Montfort avaient été rachetés par le Roi de France Louis XI. Son fils, le Roi de France, Charles VIII demanda leurs applications à la mort du Duc François en 1488. Ce fut donc la guerre.

Pour se sortir de l’impasse militaire qu’était la Guerre de Bretagne, le petit duché devait trouver des alliés puissants contre la France. Le Maréchal de Rieux, tuteur de Anne, décida de la marier à Maximilien 1er, le Saint-Empereur. Le mariage s’effectua par procuration à Rennes en 1490. Sauf qu’il ‘était déjà trop tard. Les armées bretonnes subissaient de grosses défaites et l’allié germanique ne renversera pas le cours de la guerre. Il fallut faire la paix.

Elle se fit par les fiançailles de la Duchesse Anne avec le Roi Charles VIII. Bien que controversées, elles furent possibles grâce à la non-consommation des mariages respectifs des futurs époux. C’est ainsi qu’Anne de Bretagne devint Reine de France le 8 février 1492. Son contrat de mariage mettait la Bretagne dans le giron français. Il stipulait, qu’en cas de décès prématuré de celui-ci, elle ne pourrait épouser que le successeur du Roi. Cependant, malgré un avenir assombri, cela ne signifiait pas la fin du duché de Bretagne.

En effet, Charles VIII mourut accidentellement en 1498, sans descendance. Anne retrouva, alors, la pleine possession du Duché de Bretagne, mais elle devait épouser Louis XII. Or, le Duché de Bretagne s’était renforcé depuis la fin de la guerre et Louis XII était en quête de légitimité. Anne profita de la situation et négocia son mariage avec talent. Elle s’assura un contrôle politique de la Bretagne. Puis, elle sépara les successions du Royaume de France et du Duché de Bretagne pour éviter l’union politique. Elle fit aussi rétablir de nombreuses institutions dans le duché.

Dorénavant, Anne n’était pas que Duchesse de Bretagne, elle était  à nouveau Reine de France. A ce titre, elle fit pression sur le Roi Louis XII pour que leur fille aînée, Claude, se marie au Roi d’Espagne et Saint-Empereur, Charles Quint. Par cette stratégie, Anne voulait allier la Bretagne à l’homme le plus puissant d’Europe, tout en sachant que le Royaume, faute d’héritier mâle, irait aux mains de François d’Angoulême, futur François 1er.

L’indépendance bretonne semblait avoir encore de beaux jours devant elle.

Le Parlement de Bretagne à Rennes, Duché de Bretagne
Le Parlement de Bretagne à Rennes, haut-lieu des institutions bretonnes

François 1er, le Roi qui annexa le Duché de Bretagne

La tentative d’Anne de Bretagne de sortir le Duché de la zone d’influence française était vaine, en à peine une année. En 1506 les Etats Généraux de France se réunirent à Tours et demandèrent au Roi Louis XII de marier Claude au futur François 1er. Le Roi y consentit, mais accorda le droit à Anne de choisir un autre de ces enfants comme héritier. Cet enfant aurait pu être la deuxième et dernière fille de Anne, Renée de France, née en 1510. 

Néanmoins, l’histoire en a voulu autrement. En janvier 1514, Anne de Bretagne décéda et Claude en devenait la Duchesse. Elle se maria à François d’Angoulême, en mai de la même année. Immédiatement François se fit appeler Duc de Bretagne, à la place de Claude. Puis, il devint Roi de France, quelques mois plus tard en Janvier 1515. A partir de ce moment-là, il tenta plusieurs coups de force politiques pour que Claude renonce à ses biens et pour diminuer drastiquement le pouvoir des institutions bretonnes en place. 

Ses manœuvres n’étaient pas très bien perçues par les bretons. Ils tentèrent de faire entendre leurs voix par les Etats Généraux à Rennes de 1524. Cependant, le litige fut définitivement réglé quand François 1er désigna le futur Roi Henri II, comme Duc de Bretagne et Dauphin de France. Dès lors, il ne restait qu’à légaliser tout cela dans la forme. Ce qui fut fait en 1532 par la Lettre de Vannes écrites par les Etats Généraux demandant au Roi l’union des deux territoires, et les Edit de Nantes et du Plessis-Macé qui confirmaient l’union de la Bretagne à la France.

Les principales villes du Duché de Bretagne

Retrouvez les principales villes du Duché de Bretagne sur les Cartes aux Trésors. Nous découvrirons ensemble leurs plus beaux monuments. Vous trouverez aussi ma page dédiée aux visites en Bretagne.

Rennes

Vannes

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