Le Duché de Bourgogne : un proche rival du Royaume de France

Publié par France-Trotter le

Le Duché de Bourgogne : un proche rival du Royaume de France

Intro : Le Duché de Bourgogne, n’a pas toujours été intégré à ce bel hexagone allant de Brest à Strasbourg ou de Dunkerque à Perpignan. Le Royaume de France a longtemps été composé d’un domaine royal, propriété du Roi, et d’une multitude de seigneuries, comtés et autres duchés, plus ou moins vassaux de ce dernier. Cependant, l’autorité royale ne s’exerçait pleinement que sur le domaine. Les vassaux, bien que lié par un serment de fidélité, avaient une certaine liberté, qu’ils s’octroyaient parfois eux-mêmes.

C’est pour ces raisons que de Hugues Capet jusqu’à Louis XV voire Napoléon III, les différents rois voulurent étendre le domaine ; jusqu’au frontière qui font la France contemporaine. Cependant, cet agrandissement du domaine royal n’était pas du goût des principaux ducs et duchesses de France qui ont tout fait pour empêcher l’intégration de leurs duchés.

534 - 1361 : Le Duché de Bourgogne un état (presque) royal

La Bourgogne existe depuis la période mérovingienne. A l’époque un Royaume de Bourgogne indépendant existait. Il fut dissout et répartit entre les petits-fils de Charlemagne, lors du Traité de Verdun de 843. En 880, Richard de Bourgogne, profita de la mort du Roi Charles II et des sentiments patriotiques présents en Bourgogne, pour en devenir le premier duc. Rapidement, il forgea sa légitimé en repoussant différents assauts vikings menés par le chef Rollon, futur duc de Normandie.

A sa mort en 921, son fils Raoul hérita du duché. Mais dès 923, il dut abandonner son trône car il fut choisi comme nouveau Roi de France. Le Duché revint alors, jusqu’en 956, à Hugues le Noir, son frère. A cette date, le duché changea de famille et passa aux mains des Capétiens. Depuis 936 Hugues le Grand, frère de Hugues Capet, lorgnait sur le duché. Il réussit à s’emparer de la couronne et permit à sa famille de le garder jusqu’en 1361.

La fin du règne des Capets en Bourgogne commença en 1346 lorsque le Duc Eudes IV perdit son fils et héritier. C’est alors son petit-fils, Phillipe de Rouvres qui devint héritier dès sa naissance. Sa mère Jeanne d’Auvergne, devenue veuve, devint la régente. Jean II le Bon futur hériter du trône de France, était devenu veuf. Il en profita pour se marier à Jeanne et devenir tuteur de la Bourgogne. Malgré un mariage avec Marguerite de Flandre, Phillipe de Rouvres n’eut jamais d’enfant. Quand il décéda de la peste le duché se trouva sans héritier.

A la mort du Duc Philippe, le conseil ducal de Bourgogne doit trancher entre les deux prétendants : le Roi de France, Jean II le Bon, et le Roi de Navarre Charles II le Mauvais. Le conseil choisit Jean en interdisant l’intégration au domaine royal. Dans ces conditions, le Roi de France décida de ne pas annexer le Duché de Bourgogne et de l’offrir à son fils, Phillipe dit le Hardi. 

1364 - 1404 : Philippe le Hardi, l'expansion d'un Duché de Bourgogne pro-français

Le règne de Philippe le Hardi marqua une ère d’expansion importante du Duché de Bourgogne. En 1369, il réussit à se marier à une puissante héritière européenne : Marguerite de Flandre. Sa femme devait récupérer les puissants et riches territoires de la Flandre et de l’Artois. Mais aussi, le territoire belge de Rethel et des possessions bourguignonnes, comme Nevers, pour élargir davantage le duché. Cette succession sera effective à la mort de Louis de Male, son père en 1384. Mais, en tant que femme, Marguerite n’exerça aucun droit sur ses territoires. Ce fut Philippe le Hardi qui s’en chargea.

Cependant, cet héritage était plus un cadeau empoisonné qu’autre chose pour le duc. Son beau-père menait une politique qui n’était pas du goût de tous et surtout des habitants de Gand. En 1379, il décida la construction d’un canal fluvial qui fragiliserait la position économique de Gand, une puissante ville des Flandres. La réaction ne se fit pas attendre, ce fut la révolte que le Duc dut en personne matée en personne. Il fallut attendre 1382 et la bataille de Roosebeke pour que le duc réussisse à mater les Gantois. Et encore, il dut demander l’aide du Roi de France Charles VI.

Une fois l’ordre rétablit dans ses provinces, le duc tira de grands bénéfices économiques de celles-ci. Il en profita pour moderniser le Duché de Bourgogne et pour le doter de nouvelles institutions judiciaires et financières. Il construisit aussi de nombreux édifices religieux. Philippe le Hardi laissa donc à sa mort un duché stabilisé. Mais il ne laissait pas que ça. Pour lui, il était important que ses successeurs respectent les liens de vassalité envers le Roi de France dont il en exigea le respect dans son testament. Malheureusement, le respect ne durera pas très longtemps.

La Grand-Place de Lille
La Grand-Place de Lille, une ville au coeur du territoire flamand du Duché de Bourgogne

1404 - 1419 : Jean sans Peur, les prémisses de l'alliance anglaise

Quand Jean sans Peur prit le contrôle du Duché de Bourgogne à la mort de son père, le contexte politique était complexe. La Guerre de Cent Ans venait de reprendre. Son seigneur, le Roi Charles VI, était fou et une régence était en place. Jean n’avait qu’une influence mineure dans le Conseil de Régence dirigé par les Orléans. Il hérita, aussi, d’une querelle entre sa famille et celle des Orléans. Les Valois-Bourgogne ne supportaient pas l’influence du Duc d’Orléans dans le Conseil et de grosses tensions avaient déjà éclaté sous Phillipe le Hardi. Au début du règne Jean sans Peur, son influence continua de diminuer et les tensions s’accrurent.

Pour calmer le jeu, en 1405, le Roi ordonna une mission militaire conjointe des deux ducs contre les anglais. Jean sans Peur devait assiéger Calais, mais il se déroba. En tant que seigneur des Flandres, il craignait un embargo anglais. Ainsi, pour favoriser le commerce anglo-flamand, il prétendit que le Duc d’Orléans causa l’échec de son siège de Calais. Les tensions montèrent, d’autant plus que le Duc d’Orléans contrôlait encore davantage le Conseil de Régence. L’année suivante, pour mettre fin au problème, le Duc Jean fut radical. Il ordonna l’assassinat du Duc d’Orléans et la capture du Roi Charles VI. Les tensions étaient au plus haut et la guerre entre Armagnacs et Bourguignons n’était plus très loin.

En 1409, les deux familles signèrent pourtant la Paix de Chartres. Jean sans Peur y reconnaissait l’assassinat du Duc d’Orléans, mais il prenait enfin le contrôle de la régence Dès lors, une alliance, contre lui, se mit en place et, en 1411, la guerre avec les Armagnacs éclata. Cette guerre rapprocha Jean sans Peur du Roi d’Angleterre, Henri V. Il le rencontra plusieurs fois pour négocier une alliance. Mais elle ne put se concrétiser à cause de son assassinat à Montereau, en 1419. Le Dauphin de Charles, futur Charles VII, allié des Armagnacs, lui tendit un piège qui lui fut fatal.

1419 - 1467 : Phillipe le Bon, un enième retournement d'alliance

Cet assassinat accéléra le changement de camp des Bourguignons. Le nouveau duc, Philippe le Bon, influença le Conseil de Régence et fit signer le Traité de Troyes en 1420. Il stipulait que Henri V devenait l’héritier du royaume et qu’il en était le régent jusqu’à son couronnement. Ainsi, le Duc Philippe s’assurait un rôle de numéro 2 au conseil et écartait les Orléans du pouvoir. Il imposa aussi la destruction des forces du Dauphin Charles. En 1422, à la mort de Henri V et de Charles VI, la régence aurait même dû revenir à Philippe le Bon. Mais c’est finalement le Duc de Bedford, un anglais, qui le devint.

Malgré la mort de Henri V, l’alliance continua de vivre grâce à un nouveau traité signé en 1423. Cependant, le duc n’était pas totalement allié aux anglais. Il comptait surtout profiter du chaos pour jouer sa carte personnelle dans la guerre. Comme lorsqu’il signa une trêve avec le Dauphin Charles pour s’en attirer les faveurs. Mais, peu de temps après, Charles reprit les armes lors de l’épopée de Jeanne d’Arc en 1429. Une partie du Duché de Bourgogne fut déstabilisé par leurs avancées. Le Duc affirma alors son alliance anglaise. Il fut nommé Lieutenant du Royaume au nom de Henri VI, fils de Henri V, et il captura Jeanne d’Arc.

Néanmoins, cela ne fut pas une bonne année. Le duc subit des défaites aux périphéries de son territoire bourguignon. Des révoltes éclatèrent aussi dans les Flandres. Le Roi Charles VII, fraîchement couronné négociait des alliances anti-bourguignonne. Dans ce dangereux contexte, Philippe le Bon fit la paix avec le Roi par le traité d’Arras de 1435. Le Roi y condamna les assassins de Jean sans Peur, affirma l’autorité du duc dans ses états et lui procura quelques territoires. Ce fut une belle victoire diplomatique du Duc Philippe. Mais, dans la réalité, ce traité ne fut pas appliqué. Cela étant, la paix était enfin revenue et le Duché de Bourgogne retournait dans le giron français. Ce revirement marqua aussi une pause dans la politique anti-bourguignonne du roi.

Après la guerre, des signes de normalisations des relations eurent lieu. En 1461, le nouveau roi Louis XI accorda au Duc le droit d’intégrer le cortège royal lors du sacre. Philippe le Bon fit preuve, lui aussi, de bonne volonté en offrant la Picardie au Roi en 1463.

Le Palais des Ducs de Bourgogne
Le Palais des Ducs de Bourgogne et la Tour Philippe le Bon à Dijon

1467 - 1477 : Charles le Téméraire, victime de sa soif de pouvoir

A la mort de Philippe le Bon en 1467, Charles le Téméraire devint le nouveau maître du Duché de Bourgogne. Rapidement, il adopta une stratégie opposée à celle de son père. Bien qu’il continuât, un temps, la coopération anglo-bourguignonne de son père, elle prit définitivement fin en 1472 avec la chute des York lors de la Guerre des Deux Roses.

En France, il voulut reconquérir la Picardie. A cet effet, il fut l’un des principaux instigateurs de la Ligue du Bien Public de 1465. Cette ligue, composée de grands nobles, voulaient diminuer l’autorité du Roi Louis XI. Elle réussit à faire plier militairement le Roi, notamment sur le sort de la Picardie.

Trois ans après, en 1468, Charles le Téméraire, encore allié aux anglais, les fit débarquer en France. Louis XI, inquiet, et craignant une reformation de la Ligue du Bien Public, voulut mettre fin aux tensions par la négociation. Il le fit directement avec Charles à Péronne. Charles en profita pour forcer le Roi à lui octroyer l’indépendance judiciaire de son duché. Evidemment, dès son retour à Paris, le roi se rétracta sur cet engagement. Charles appliqua, alors, une importante clause de non-respect des engagements du traité stipulant que le duc devenait libre de tout serment de vassalité envers le Roi. Cet acte amena le Duché de Bourgogne à sa perte.

Louis XI humilié, lui déclara la guerre en 1471. En 1473, après différentes annexions dans le Saint-Empire, Charles chercha la reconnaissance de l’Empereur mais n’obtenu aucune revendication. Ce fut un échec diplomatique et de nombreux membres de l’Empire prirent peur de la puissance bourguignonne. En 1476, le Saint-Empereur en profita pour monter une ligue contre la Bourgogne. Cette Ligue de Constance attaqua les territoires du duché. Les armées du Canton de Berne infligèrent, même, deux grosses défaites au Duc de Bourgogne, à Grandson et Morat. Charles le Téméraire ne s’en remettra pas. Il tenta un baroud d’honneur, dans sa lutte, en assiégeant Nancy en 1477. Il y trouva la mort lors d’une offensive lorraine. Dès lors, le retour des possessions dans le giron français fut rapide par l’annexion de Louis XI. Le duché était un apanage familial et comme la dynastie des Valois-Bourgogne s’éteignit, il fallait rendre le territoire au Roi de France.

Les principales villes du Duché de Bourgogne

Retrouvez les principales villes du Duché de Bourgogne dans mes Cartes aux Trésors. Nous découvrirons ensemble leurs plus beaux monuments. Vous retrouverez aussi ma page dédiée à la visite de la Bourgogne

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Lille

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